Ready Cash est-il le Northern Dancer du trot ?

Ready Cash est-il le Northern Dancer du trot ?

An article I wrote for Province Courses on the current way the breeding business, regardless of the qualities of Ready Cash, is entering a dead end street.  
(If you don’t speak French then Google Translate might help you)
 

Bottom line:

Cette idée simple peut servir la filière. Quel sera l’effet ? Éviter que 10 % des gens prennent 90 % des allocations, des trophées, etc. Réduisons la dichotomie et renforçons la solidarité en partageant ces 10 %. Plutôt 90/10 à l’avenir que 10/90 aujourd’hui.
 

Ready Cash est-il le Northern Dancer du trot ?

Au lendemain du doublé réalisé par ses produits, Gotland et Gunilla d’Atout, dans les semi-classiques menant au prochain Critérium des 3 Ans, Ready Cash, l’étalon numéro un, est une nouvelle fois au cœur de l’actualité, avec un écho qui se répand dans toute l’Europe et dans le monde entier du trot. Dans ce contexte, nous publions une carte blanche de Patrick Davidson, éleveur et propriétaire néerlandais.
Le trot et l’élevage français ont beaucoup changé ces dernières années. Ce qui n’est pas si étonnant si l’on considère que c’est le monde entier qui a évolué rapidement. Depuis l’avènement d’internet qui permet de se connecter partout et tout le temps, il semble même que nous ne soyons plus jamais immobiles. Quel rapport avec l’élevage de Trotteurs Français me direz-vous ? Alors que les turfistes, nos clients, ont un choix beaucoup plus vaste de courses pour parier, les éleveurs l’ont, eux, de moins en moins, le choix.
L’américanisation ou tout au moins l’application du mode de pensée américaine a permis à l’élevage tricolore de changer énormément. Mais il y a maintenant une dichotomie plus marquée qu’avant et qui s’agrandit. Cela me paraît pas une bonne chose et, comme il me semble ne pas être le seul à constater cette évolution en tant qu’éleveur de Trotteurs Français installé en Hollande, j’ai souhaité partager mon point de vue.
 

L’union faisait la force…..

Quand je parle de dichotomie créée par l’augmentation des inégalités, je ne fais pas allusion à la dichotomie entre ceux qui élèvent pour produire un bon cheval et ceux qui élèvent pour vendre. Cela a toujours été. Certains éleveurs sont guidés par le phénomène de mode et c’est très bien. C’est un art de savoir en 2017 quel étalon sera en vue lors des ventes aux enchères deux ans plus tard. Certains en bénéficieront. Cette année, ce fut le cas des éleveurs qui avaient parié sur Carat Williams et Cristal Money, comme j’ai pu en rencontrer à Deauville en septembre.
Maintenant, on sait bien que les plus grosses enchères aux ventes ne font pas nécessairement les meilleurs chevaux de demain sur les pistes, heureusement d’ailleurs. Intervient aussi pour faire un bon cheval sur les pistes le savoir-faire de l’éleveur, de l’entraîneur et du pilote. Et bien sûr aussi un peu de chance.
Revenons à la dichotomie à laquelle je fais référence : la différence entre les personnes ayant un accès et les personnes sans accès. Quand je parle d’accès, je parle d’accès au meilleur sang. Et donc l’accès aussi aux acheteurs. C’est la raison de cette carte blanche. Lorsque les acheteurs et les vendeurs se laissent berner par la spéculation et la mode, et que tout le monde ne recherche que le sang de Ready Cash, cela devient alors un jeu, et plus un art.

..mais….

Lors de la syndicalisation d’un étalon, vous devez souvent prendre une décision en moins de 48 heures, car le phénomène de ne fonctionne qu’en raison de sa rareté. Et si vous avez eu la chance de décrocher la part en question, qu’avez-vous gagné ? Une part dans un jeune étalon mais surtout de l’espoir. L’espoir est devenu le moteur financier du sport et de l’élevage. Mais c’est un espoir qui n’est plus partagé. Or, l’union fait la force dans la filière française où un petit éleveur peut toujours espérer atteindre le plus haut niveau. Mais ceci est en train de changer rapidement et il me semble que rien n’est fait à ce sujet. Ou, tout au moins, je ne le vois pas encore.

Jean-Pierre Dubois donnait le ton dans les années 90

Le changement n’est pas nouveau. On se doit donc d’être réactif, comme doit l’être tout entrepreneur. La première vague de changement que j’ai vécue dans l’élevage français, alors en tant que turfiste, a été l’émergence des étalons Dubois grâce à l’esprit d’entreprise de Jean-Pierre Dubois qui a osé se tourner vers le sang américain il y a vingt-cinq ans. Le courage et la vision de cet homme de cheval polyvalent ont été récompensés.
Je me rappelle une discussion en 2008 avec Thierry Duvaldestin, un ancien élève du maître. Il avait été alors très clair : « En tant qu’entraîneur, vous devez avoir accès au meilleur sang possible dans l’espoir d’avoir votre propre haras. En faisant cela, vous avez une avance au niveau de la génétique. Ce n’est que de cette façon que vous pourrez vraiment réussir sur le long terme. » Il avait raison. Ses résultats le prouvent depuis. Considérons, par exemple, ses étalons « maison » tels que Uniclove, Saxo de Vandel et Ouragan de Celland.
Ils ont apporté de la réussite à l’entraîneur de La Ferté-Frénel. La manière dont ils ont été mis sur le marché est également intéressante. Dès leur introduction, leur prix de saillie a été conforme au marché, jamais trop élevé, ce qui permet de fournir à l’étalon en question un flot de bonnes juments dès le départ. En somme, la reproduction est centrale, et pas l’euro rapide. La réussite des étalons cités n’est pas un hasard.

Un service ou un investissement ?

Une saillie de Ready Cash représente-t-elle un investissement ? Ou est-ce un service que vous achetez en tant qu’éleveur parce que vous voulez élever un champion ? Ou les deux ? Remplacez Ready Cash par Bold Eagle ou Face Time Bourbon ou Fabulous Wood ou Gotland, et vous comprendrez où je veux en venir. Nous l’avons vu plus tôt avec Sam Bourbon et Repeat Love aussi.
Je n’ai évidemment rien contre Ready Cash. Je peux même dire que je l’adore, comme j’adorais Coktail Jet auparavant. Mais il ne me semble pas que nous allions dans la bonne direction. Les trotteurs représentent la branche la plus accessible dans les courses de chevaux, n’est-ce pas ?
Souhaitons-nous aller vers des courses dans lesquelles quelques riches investisseurs combattent entre eux avec le meilleur sang ? En somme, Ready Cash est-il le Northern Dancer du trot ? Ce dernier, fils de Nearctic, champion sur les pistes, a été un incroyable améliorateur dans l’élevage de pur-sang, considéré comme l’étalon du siècle.
J’en entends déjà certains répondre que c’est la loi du marché. Que chaque propriétaire d’étalon et chaque éleveur est libre de faire ce qu’il croit être le mieux. Oui et non. Selon moi, cela s’apparente trop à une vision américaine. Si on laisse le marché déterminer, il restera seulement quelques acteurs…

Et alors, maintenant ?

Ce qui ne doit pas être le cas. Une intervention pourrait consister à introduire de nouvelles règles dans l’intérêt de l’ensemble du secteur. J’espère que nous pouvons commencer le débat à ce sujet. Laissez-moi commencer avec une idée aussi simple qu’efficace. A partir de maintenant, avec un étalon pouvant saillir 100 juments, réservons-en au moins 10 pour un tirage au sort ouvert à tous les éleveurs. Tout comme les Haras Nationaux l’ont fait un temps avec des étalons populaires extrêmement demandés. Ces 10 saillies seraient alors proposées à un prix raisonnable (éventuellement indexé pour ajouter un peu l’effet du marché).
Ainsi, même un petit éleveur ambitieux en 2020 pourrait avoir une chance d’accéder au meilleur sang. Si cette idée était mise en place, chaque éleveur pourrait, hypothétiquement parlant, s’inscrire pour une saillie de Ready Cash à 12 000 euros. Une saillie qui, aujourd’hui, est devenue inaccessible, sauf sur le marché de la spéculation.
Dès 2020, réservons 10 % des 100 saillies de Gotland par exemple au prix de 6 000 € au lieu de 12 000 € comme annoncé pour sa première saison de monte. Cette idée simple peut servir la filière. Quel sera l’effet ? Éviter que 10 % des gens prennent 90 % des allocations, des trophées, etc. Réduisons la dichotomie et renforçons la solidarité en partageant ces 10 %. Plutôt 90/10 à l’avenir que 10/90 aujourd’hui.
 

Débat d’idées

J’aimerais lire vos réactions à cette proposition. Comment lancer l’application de cette idée ? Il faut qu’un premier étalonnier procède ainsi avec un étalon « en vogue ». Peut-être faut-il commencer avec la génération des « H » ? Peut-être que vos propositions seront bien meilleures que ma simple idée. C’est l’heure de les partager, d’échanger, entre nous, lecteurs de HQ, car l’union fait la force.
 

Patrick Davidson

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